À lire : un condensé des quatre articles publiés en début d’année et qui retracent l’évènement survenu sur Fleur de Passion en mer Rouge en 2021. Le voilier est reparti pour une énième renaissance et déjà un futur plus radieux est envisagé pour le ketch aurique de 33 mètres.
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À fleur d’eau
À peine rentré de son tour du monde de 4 ans et demi, une nouvelle mission se dessine déjà pour Fleur de Passion. Au sortir d’un chantier de plusieurs mois en Bretagne, le voilier remis à neuf rallie Séville.
Comme un symbole, la ville espagnole est une nouvelle fois le point de départ de cette expédition prévue sur plusieurs années en mer Rouge pour y étudier les coraux.
Le voilier Fleur de Passion sur le départ à Séville, avril 2021
26 Avril 2021. C’est sous un soleil radieux que Fleur de Passion met les voiles pour traverser la Méditerranée avec, à son bord, un équipage complet et 6 jeunes du programme socio-éducatif “Jeunes en Mer”. La navigation se déroule sous les meilleurs auspices et permet au voilier de rejoindre Aqaba en Jordanie en un peu moins de deux mois. Arrivés à destination, les jeunes laissent leur place à l’équipe scientifique.
Navigation avec les jeunes vers l’Égypte, mai 2021
20 juillet 2021. Après les derniers ajustements techniques, le voilier prend le large en direction du Soudan pour y débuter ses recherches.
S’il est une chose bien connue des navigateurs, c’est que la mer a ses émotions et ses tourments. Malgré tout le sérieux et l’expérience à bord, un marin doit parfois se plier aux caprices des flots. C’est en ce sens que le terme expédition maritime prend toute sa dimension.
21 juillet 2021, 4h30 du matin. En traversant le détroit de Tiran au large de Charm el-Cheikh, le voilier s’échoue sur un récif de coraux. Transporté par une vague, le bateau vient se suspendre à fleur d’eau, entre ciel et mer. Des images impressionnantes illustrent cet échouage particulier tant il est rare de voir, en pleine mer, un voilier presque intégralement hors de l’eau. Fort heureusement, personne n’a été blessé dans le choc.
Fleur de Passion entre ciel et mer, juillet 2021
À peine la nouvelle apprise, le capitaine d’armement (responsable des voiliers) de Pacifique est dépêché sur place. L’objectif est clair : sortir rapidement le voilier de son carcan de coraux pour éviter plus de dégâts, tant pour le voilier que pour le récif, au cas où le mauvais temps viendrait à se lever.
Fragile mais de nouveau à flot
22 juillet 2021. Au lendemain de l’échouage, Fleur de Passion repose toujours sur son flanc gauche et se trouve à la merci du moindre changement météorologique. Chaque nouvelle vague est susceptible de venir écraser encore un peu plus le voilier sur le récif.
C’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Il faut sortir le bateau le plus vite possible de son écrin de coraux. Par chance, la météo est annoncée favorable pour les prochains jours.
26 juillet au 31 juillet. Après avoir étudié toutes les possibilités envisageables sous une chaleur accablante, le choix est fait. Les locaux et un chantier naval aideront l’équipe Pacifique à extraire le voilier du récif. Pendant 8 jours, les équipes se mettent à pied d’œuvre pour préparer le renflouage.
Fleur de Passion avant d’être enlevé du récif, août 2021
07 août 2021. Au terme de multiples tentatives, Fleur de Passion est basculé sur le flanc droit puis tiré vers l’arrière dans une faille pour lui faire retrouver des eaux plus profondes. À la nuit tombée, le voilier flotte à nouveau.
C’est un premier soulagement pour toute l’équipe de Pacifique même si la situation reste encore délicate.
«Fin juillet, nous avions évoqué la possibilité de perdre le bateau vu la situation périlleuse dans laquelle il se trouvait. Aujourd’hui, c’est une nouvelle vie qui se prépare pour Fleur!» Sébastien Schwarz, responsable des voiliers à Pacifique.
Fleur de Passion flotte à nouveau, août 2021
À croire que Fleur de Passion défie son homonyme littéraire.*
Les voies d’eau à l’intérieur sont sous contrôle et le voilier est remorqué en lieu sûr où lui sont donnés les “premiers soins”.
Bien que l’avenir du bateau ne semble plus être compromis, l’équipe de Pacifique accuse le coup, émotionnellement et financièrement. Un grand merci pour tous vos messages de soutien qui nous ont permis de garder le cap en cette période difficile.
Continuer d’avancer malgré la tempête
Avec la perte d’activité liée à l’échouage de Fleur de Passion, le volet socio-éducatif planifié sur la fin d’année est compromis. Rapidement, tout est mis en œuvre au sein de Pacifique pour trouver un autre voilier, assurer la continuité du programme “Jeunes en Mer” et accueillir les jeunes prévus sur la saison 2021.
septembre 2021. C’est dans cette optique que le voilier Noctilio est approché en fin d’été. Avec ses 30 mètres de long sur 6 mètres de large pour 80 tonnes, ce baltic trader construit en 1930 et gréé en goélette dans les années 70 semble être la meilleure option pour remplacer Fleur de Passion et continuer le programme auprès des jeunes.
Le Noctilio à quai dans le port de Marseille, septembre 2021
Après quelques travaux à bord dans le vieux port de Marseille, les cabotages (petites navigations de courtes distances) s’enchaînent sur la fin d’année le long de la côte maritime française. Les jeunes ont finalement pu rejoindre le voilier et suivre le programme comme prévu, une priorité pour Pacifique.
Atelier fresque du climat sur le Noctilio, novembre 2021
En ce début d’année 2022, le voilier Noctilio reprendra du service sous les couleurs Pacifique pendant la durée du chantier de rénovation de Fleur de Passion. D’avril à juin, le voilier marseillais devrait accueillir de nouveaux jeunes dans le cadre du programme “Jeunes en Mer”.
Un grand merci à l’équipe du Noctilio pour son aide et sa contribution dans ce passage compliqué.
Une énième renaissance
« Fluctuat nec mergitur » – Il est battu par les flots, mais ne sombre pas – la devise de la ville de Paris pourrait tout aussi bien correspondre au destin de Fleur de Passion.
Fleur de Passion en route vers El-Tor, octobre 2021
Octobre 2021. Après un remorquage réussi et des péripéties administratives, il faut rapidement évaluer les différentes options possibles pour réparer le voilier. La structure semble fiable malgré les premiers dégâts constatés dans l’échouage. Une équipe de marins aguerris conduit le voilier à El-Tor, à 70 miles nautiques au nord de Charm el-Cheikh, dans le but de sortir une première fois le voilier de l’eau.
Fleur de Passion se laisse guider avec une étonnante facilité. Une expertise plus approfondie des dégâts confirme qu’une nouvelle traversée de la Méditerranée est possible après consolidation du voilier et installation d’équipements de sécurité supplémentaires.
Décembre 2021. Ce convoyage retour mène alors le voilier à travers le canal de Suez, à proximité de la Crète et de la Sicile, puis au-delà du détroit de Gibraltar pour finir à Portimao au Portugal, lieu privilégié pour la restauration de Fleur.
Convoyage retour à travers le canal de Suez, décembre 2021
On parle souvent de l’âme des voiliers. On ne peut qu’être séduit par la force étonnante et l’incroyable résilience dont fait preuve Fleur de Passion dans cette aventure. L’histoire se poursuit pour le plus grand des voiliers battant pavillon suisse et permet d’envisager un futur plus radieux dès l’été 2022.
Des idées fleurissent déjà au sein de l’équipe Pacifique pour concevoir une nouvelle expédition par delà les horizons tout en gardant à l’esprit l’essence de nos missions : naviguer au service de jeunes en rupture et contribuer à une meilleure compréhension de l’impact humain sur les océans.
Les côtes portugaises en vue, Fleur arrive à Portimao, 31 décembre 2021
Ces derniers mois nous ont tenus en haleine, nous laissant craindre le pire et espérer le meilleur, parfois à quelques heures d’intervalle.
L’équipe Pacifique est restée unie dans la tempête et vous remercie encore pour votre soutien. Une vraie communauté s’est formée autour de ces aventures incroyables portées par des voiliers aux destins étonnants.
Si vous souhaitez nous aider financièrement pour le chantier de Fleur de Passion, vous pouvez faire un don ici
À peine arrivé, le voilier est préparé pour le chantier, janvier 2022
Photo : Léa Dillard – Pacifique
