Descente-Labrador (1)

texte écrit par Cédric de Que Sera

Carnet de bord du 16 au 21 septembre 2024

« Trois ours blancs !
6h30, le réveil est soudain pour l’équipage. Tout le monde se presse sur le pont, les yeux encore engourdis par le sommeil. Une ourse polaire et ses deux petits marchent le long du rivage. Même à bonne distance, les trois ursidés en imposent. Ils s’arrêtent un moment pour nous observer, puis repartent en sens inverse. Le spectacle dure 2h30. On ne rate rien depuis le bord, jonglant entre appareil photo et coups de jumelles. C’est le cœur léger que se poursuit le reste de la journée. Chacun vaque à ses occupations : ménage du bateau, révision du moteur et dessin/écriture pour Charlotte.

Le lendemain au petit matin, Que Sera quitte la quiétude de la baie des Monts Torngat. Le départ se fait avec la plus grande attention. La zone n’est cartographiée que partiellement et il faut éviter les écueils rocheux. À la côte, les nuages s’effilochent sur les montagnes. Par confort, nous prenons de la distance avec la terre pour rallier le large. Toujours pas assez de vent pour hisser une voile, nous sommes bien obligés de jouer du moteur pour avancer.
Le Labrador, là où la mer se confond avec l’horizon. Un brouillard perpétuel qui s’élève parfois pour former une épaisse chape sous laquelle nous naviguons. Que Sera est pris en sandwich entre du liquide et du gazeux. RAS, rien à signaler. Le bateau force à l’ennui ou la contemplation, la barrière est fine. Avec une visibilité aussi restreinte, les seuls moments d’excitation se résument à voir un rayon de soleil – ou de lune – ou un morceau de la côte canadienne.

Troisième jour sur une mer d’huile. En cours de journée, Mathieu et Josep envoient la grand-voile et le génois sur une pointe de vent. Obligés d’affaler quelques minutes après. Le vent est capricieux. Les choses se corsent en soirée avec un 12 nœuds bien établi. La grand-voile et le génois prennent leur place et Que Sera file par 7 nœuds avec vent arrière. Dans la nuit, des rafales à plus de 24 nœuds forcent les marins à prendre deux ris dans la grand-voile.

Dernière journée avant d’arriver au prochain « port ». Que Sera surfe sur une houle d’arrière. On retrouve la côte et ses rochers acérés. Au loin, de nombreux brisants projettent de grands jets d’écumes. Un phare sur une colline marque l’entrée de la baie de Cartwright. Le nom : « Cap Horn ». Pas sous la même latitude certes, mais Cap Horn quand même. C’est sous un magnifique coucher de soleil, malgré l’omniprésence des nuages, que l’ancre est jetée en face de Cartwright. Tout l’équipage profite d’une bonne nuit de repos.

Des effluves de sapins !
Quel bonheur de retrouver des arbres après deux semaines en mer. La proximité avec la ville permet de faire un avitaillement sommaire et de se dégourdir les jambes. On déambule dans les deux allées qui composent la « ville ». Les habitantes et habitants nous saluent bien amicalement depuis leurs pick-ups. On découvre deux petites églises, une « academy » (école), une bibliothèque et un pub. En suivant la carte, une petite balade se dessine. Après être monté sur la colline qui domine la baie, on redescend par l’autre versant pour retrouver un chemin qui longe la mer. Fin de soirée au pub autour d’une première poutine pour préparer la suite du périple. »

Photos : Cédric Legendre

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