Carnet3 - Joli spectacle au port

texte écrit par l’équipage de Que Sera

Carnet de bord du 13 au 19 juillet 2024 

« Ces derniers jours, nous profitons des petits restaurants de Nome, de son musée et centre culturel Katirvik, et nous nous renseignons sur les chercheurs d’or encore actifs en bateau ou dans les mines. Nous attendons une bonne fenêtre glaces et météo pour faire route au Nord. Pas simple de patienter tout en préparant le bateau avec une date de départ que nous devons repousser. La banquise ne nous permet pas encore de passer… Nous essayons d’avancer sur notre to-do liste tout en nous tenant prêts au départ.

Mais sur un bateau, il y a toujours à faire et les quelques travaux sur Que Sera nous maintiennent actifs. Au fur et à mesure que la semaine avance, d’autres voiliers en route pour le passage du Nord-ouest arrivent à Nome. Il y a Sohvi et Yuho sur Lumi, Randal sur Moli, la famille française sur Libertaire et la famille québécoise sur Pinocchio. Toutes ces navigatrices et tous ces navigateurs ont une sacrée expérience de la mer et bien des histoires à raconter. Ça fait plaisir de pouvoir partager des moments tranquilles ensemble avant de monter au nord, et de voir des enfants à bord également!

Le matériel scientifique peut finalement être installé et testé, notre permis de prélèvement en Alaska démarrant à Nome. À bord, nous réaliserons des prélèvements d’eau et d’air pour mesurer la concentration de gaz à effet de serre. Une sonde CTD, installée dans une conduite en alu soudée à cette fin sur la coque de Que Sera, mesurera en continu la température, la conductivité (teneur en sels) et la profondeur. Enfin nous testerons le PlanktoScope, microscope low-tech super malin qui permet de photographier, compter et identifier le plancton.

Jamie nous emmène sur les collines au-dessus de Nome pour récolter du qiviut, de la laine de bœufs musqués, aux excellentes propriétés thermiques. Nous évoluons dans la toundra, sur leur territoire, espérant trouver des pelotes accrochées aux arbustes. Le brouillard est très dense et nos repères fondent. Malgré les nombreuses bouses fraîches de bœufs musqués, et du qiviut ici et là, on ne croise pas un chat…

Nous partons en balade avec Autumn et Eve aux sources chaudes de Pilgrim Hot Spring au nord de Nome, la route est belle et le temps dégagé. La route de gravier court le long de vastes zones humides et d’anciennes vallées glaciaires. Aux sources, on hésite entre s’ébouillanter ou bien se faire dévorer par les moustiques. La parade est trouvée par Megan qui s’enduit de boue ce qui nous laisse quelques moments de répit et nous permet de nous refroidir. Un petit bassin en contrebas nous offre aussi un peu de fraîcheur. Pendant cette belle journée, nous avons la chance de pouvoir observer des bœufs musqués le long de la route et un hibou des marais qui niche à côté de l’ancienne église de Pilgrim Hot Springs.

Le lieu est connu pour son ancienne école et pensionnat qui a accueilli des enfants pendant l’épidémie de grippe espagnole. Ce lieu fait à priori partie du système des pensionnats dans lesquels des missionnaires chrétiens ont retiré les enfants des familles natives. Ces pensionnats sont responsables d’atteintes et d’abus graves et ont participé à effacer la culture native, ses pratiques et ses langues. En rencontrant les gens de Nome et en nous renseignant au musée et dans les livres, nous glanons au fur et à mesure des anecdotes et des bouts d’histoire sur la région. Nous sommes de passage mais essayons de nous imprégner des ces lieux et de ces rencontres. »

*Fritz est un husky Sibérien élevé par Leonhard Seppala. Au côté de Togo, un autre husky, ils ont parcouru 420 km pour apporter des vaccins à Nome en 1925. (voir Serum run)

Photos : Pacifique – Tom Golaz – Marion Cherrak – Emilien Bertholet

  • Carnet3 - Travail sur le mat de Que Sera
  • Carnet3 - Marion teste les appareils scientifiques
  • Carnet3 - Nome dans la grisaille
  • Carnet3 - Fritz, chien husky qui a participé à la Serum Run
  • Carnet3 - Balade aux alentours de Nome sous le soleil
  • Carnet3 - Hibou nous regarde