Carnet de bord du 28 juillet au 3 août 2024
« Si la veille les plus courageux d’entre nous se sont baignés dans de l’eau à zéro degré, aujourd’hui le temps est plutôt couvert et on enfile des habits chauds. L’équipage au complet a envie de sortir à terre. On fait un tour de table pour se préparer à l’éventualité d’une rencontre avec les ours polaires. Chacun exprime ses craintes, et comment adopter les bon réflexes : rester groupés, ne pas courir et être armé.
Nous voilà tous les cinq 5 sur le rivage. Emilien nous montre le fonctionnement du fusil pour plus de sûreté. Marion est la première à les voir aux jumelles. Ils sont trois, en train de finir les restes d’une carcasse de baleine. Deux de taille adulte et un plus petit. C’est une chance de pouvoir les voir. Les vents du nord ont rapproché la banquise, leur permettant de venir dans le secteur. Malgré l’effet de surprise, le groupe reste calme. On décide cependant de retourner à l’annexe. Soulagés d’être de retour sur le bateau, on fait un petit débrief de la situation. On les observe depuis le bord aux jumelles. On sent qu’on est chez eux et pas chez nous.
Les jours qui suivent sont calmes. Le vent souffle et le passage n’est pas encore ouvert. On essaye d’organiser un aller jusqu’à Barrow, la ville la plus au nord de l’Alaska, mais sans succès. Trop loin avec l’annexe, et personne n’a envie d’essayer à pied avec la présence d ‘ours polaire. Nous voulons également inviter l’équipage de Lumi à s’ancrer à côté et venir à bord mais ils sont malades. Personne ne veut prendre de risque.
Quelques jours plus tard, on lève enfin l’ancre ! On sort d’Elson Bay, et malgré le courant et le vent de face, on décide de monter les voiles. Nous voilà partis pour 5 jours de navigation magiques. Le soleil est présent pour notre entrée dans le territoire des glaces. On affale les voiles, on réduit notre allure et on commence à slalomer entre la banquise. Le paysage est sublime. Malgré notre émerveillement, il faut rester très attentif et les quarts ne sont pas de tout repos. On se rapproche de la frontière avec le Canada. La mer de Beaufort se dégage et, au vu des conditions, nous serons sûrement à Tuktoyaktuk dans moins de 48 heures. Au loin, on observe des baleines boréales. »
Photos : Pacifique – Tom Golaz – Marion Cherrak